
Augmenter le pouvoir d’achat de vos salariés sans augmenter vos charges : les leviers à connaître
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Dans un contexte économique incertain, où fidéliser les salariés devient un enjeu majeur, les employeurs, y compris ceux de très petites entreprises, cherchent des solutions concrètes pour améliorer le pouvoir d’achat de leurs équipes. Mais comment offrir un coup de pouce sans subir un alourdissement de la masse salariale ou des cotisations sociales ?
Une réponse existe : utiliser intelligemment les prestations exonérées de cotisations sociales, prévues dans le cadre des activités sociales et culturelles, qu’elles soient mises en œuvre par un CSE ou directement par l’employeur lorsqu’il n’y en a pas.
Beaucoup de TPE/PME ignorent qu’elles peuvent accorder ces avantages, même sans comité social et économique, tout en bénéficiant des mêmes exonérations. Voici ce qu’il est possible de faire, sous quelles conditions, et avec quelles limites.
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Qui peut mettre en place ces prestations ?
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Contrairement à une idée répandue, il n’est pas nécessaire d’avoir un CSE pour verser des prestations exonérées de charges. Les entreprises de moins de 50 salariés ou celles ayant un PV de carence peuvent accorder elles-mêmes ces avantages, dans les mêmes conditions que s’il y avait un CSE.
L’exonération de cotisations sociales est admise si trois grands principes sont respectés :
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- La prestation a un objet social ou culturel ;
- Elle est attribuée à l’ensemble du personnel de façon équitable (pas de favoritisme ni de discrimination) ;
- Et elle est conforme à l’usage prévu (avec justificatifs si nécessaire).
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Des prestations exonérées à 100 %, sans plafond
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1. Les chèques-culture et prestations culturelles
La mise à disposition de billets de cinéma, de bons pour des concerts, des pièces de théâtre, ou encore des abonnements culturels (livres audio, streaming musical…) entre dans le champ des exonérations.
Il est également possible d’en faire bénéficier les ayants droit du salarié (conjoint, enfants), dès lors que cela est explicitement prévu dans la prestation, par exemple dans le cadre d’un abonnement familial ou d’une sortie culturelle collective.
2. Les cartes de réduction tarifaire
Il est également possible d’offrir à vos salariés des cartes donnant accès à des réductions chez des partenaires commerciaux (loisirs, sport, voyages, etc.). Ces cartes doivent cependant être spécifiquement orientées vers des prestations sociales ou culturelles. Une carte de réduction valable uniquement dans un supermarché, par exemple, ne répondrait pas à cette exigence.
3. La participation au voyage et aux vacances
Un employeur peut participer au financement d’un séjour familial, d’un voyage ou d’une colonie de vacances, dans la mesure où la dépense est justifiée. La prise en charge doit correspondre aux montants réellement engagés. Toute dépense doit donc être documentée et le salarié ne doit pas pouvoir en tirer un bénéfice personnel sans contrepartie.
Cette prestation peut expressément cibler les ayants droit du salarié (notamment les enfants pour les colonies ou les conjoints pour les séjours en famille), dans la mesure où elle respecte son objet et que les montants sont justifiés. Le salarié ne doit pas tirer de bénéfice personnel autre que celui prévu.
4. La participation à la pratique sportive
Les frais d’abonnement à une salle de sport, les licences sportives ou les activités bien-être (comme les massages) peuvent être remboursés ou pris en charge directement. Ici aussi, la preuve d’utilisation effective est indispensable, et les prestations à visée paramédicale (ostéopathie, kinésithérapie…) sont exclues de ce régime favorable.
Certaines prestations sportives familiales ou pour enfants (comme une inscription à un club) peuvent être éligibles à l’exonération, si elles sont prévues comme telles. L’essentiel reste la conformité à l’objet social ou culturel de la prestation.
5. Le secours
Il est possible de verser une aide financière à un salarié confronté à des difficultés personnelles (maladie, décès, séparation, charges exceptionnelles…).
Ces aides peuvent aussi concerner indirectement les ayants droit, si l’événement concerne un enfant, un conjoint ou une personne à charge, et que la situation est justifiée. Ces versements restent exonérés, dès lors qu’ils sont ponctuels, exceptionnels, et qu’ils ne constituent pas un complément de rémunération déguisé.
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Des avantages partiellement exonérés, mais très utiles
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Certaines prestations bénéficient d’un régime d’exonération plafonné, ce qui implique de respecter des conditions précises pour éviter tout redressement.
1. Les aides aux services à la personne
D’autres prestations sont soumises à des plafonds annuels pour bénéficier de l’exonération.
C’est notamment le cas des aides aux services à la personne (garde d’enfant de moins de 6 ans, soutien scolaire, ménage…), exonérées jusqu’à 2 540€ par an et par salarié en 2025.
2. Les bons d’achat et cadeaux
Les bons d’achat et cadeaux, très populaires, sont eux aussi partiellement exonérés. En 2025, leur plafond est fixé à 196 € par salarié et par événement, soit 5 % du plafond mensuel de la sécurité sociale.
Il est possible de dépasser ce plafond, mais uniquement si trois conditions sont strictement respectées :
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- Le bon doit être attribué en lien avec un événement reconnu par l’URSSAF (rentrée scolaire, Noël, mariage, naissance, etc.).
2. Il doit permettre l’achat de biens ou services directement liés à cet événement (fournitures scolaires, jouets, vêtements…).
3. Son utilisation doit être encadrée, c’est-à-dire affectée à une catégorie précise de biens.
- Le bon doit être attribué en lien avec un événement reconnu par l’URSSAF (rentrée scolaire, Noël, mariage, naissance, etc.).
Pour aller plus loin, n’hésitez pas à consulter le Guide pratique 2025 de l’URSSAF consacré aux prestations sociales et culturelles exonérées, qui offre un panorama complet des dispositifs, conditions et obligations à respecter.
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Quelles sont les règles à respecter pour éviter un redressement ?
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L’URSSAF est très claire : les prestations doivent être attribuées de manière équitable, justifiées et conformes à leur objet.
Tout d’abord, il est interdit de conditionner le bénéfice d’une prestation à une ancienneté minimale, même de quelques mois. Cette pratique, longtemps tolérée, a été définitivement écartée par la jurisprudence. L’URSSAF accorde toutefois une période d’adaptation jusqu’au 31 décembre 2025 pour les structures qui doivent encore se mettre en conformité.
Il est également strictement interdit de moduler les avantages en fonction du temps de travail, du type de contrat, ou de la présence effective au moment de l’événement. Un salarié en congé maternité ou en arrêt maladie doit pouvoir bénéficier des mêmes droits que ses collègues.
De même, le statut professionnel (cadre / non-cadre, ou autre distinction hiérarchique) ne peut pas être utilisé comme critère de modulation.
En revanche, la modulation est possible selon des critères sociaux objectifs, comme le quotient familial ou le revenu fiscal de référence, à condition qu’elle ne prive jamais un salarié du bénéfice de la prestation.
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Et si vous passez par un prestataire externe ?
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De plus en plus de prestataires proposent des solutions clés en main, sous forme de plateformes ou de cartes bancaires prépayées. Celles-ci peuvent regrouper plusieurs avantages (culture, sport, vacances…) et en faciliter l’usage.
Cependant, leur utilisation doit être rigoureuse. Le bénéficiaire et le montant attribué doivent être clairement identifiés. Le salarié ne peut jamais être « enrichi » : les dépenses doivent correspondre aux montants réellement engagés, et être justifiées. Il est donc indispensable de conserver une preuve d’utilisation conforme à l’objet initial (billet de train, facture de séjour, ticket d’entrée, etc.).
Dernier point d’attention : aucun prestataire n’est agréé officiellement par l’URSSAF, malgré ce que certains commerciaux peuvent suggérer. Seul un contrôle au cas par cas permet de valider ou non l’exonération.
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Conclusion : Un levier stratégique pour les entreprises
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Offrir des prestations exonérées est une véritable opportunité pour les entreprises : cela permet d’augmenter le pouvoir d’achat des salariés, de renforcer leur fidélité, et de dynamiser la vie d’entreprise sans peser sur la masse salariale.
Loin d’être réservés aux grands groupes, ces dispositifs sont parfaitement accessibles aux TPE et PME, à condition d’être bien conseillées et de connaître les règles et respecter les conditions d’exonération.
Notre cabinet Two Way peut vous accompagner dans la mise en place de ces avantages, vous aider à définir une politique équitable, et sécuriser les pratiques vis-à-vis de l’URSSAF. Nous sommes également à vos côtés pour toute vérification ou demande d’appui juridique ou RH.